EXPOSITION "L’Empereur romain, un mortel parmi les dieux"
L’empereur romain, un mortel parmi les dieux.
Du 13 mai au 19 septembre, le Musée de la Romanité organise, avec la collaboration du Musée du Louvre, la première exposition française intégralement consacrée au culte impérial. Cette exposition inédite en retrace les origines datant du 1er siècle av. J.-C., sous le premier empereur de Rome, Auguste.
D’Octavien à Auguste
La première partie de l’exposition est consacrée à Octavien (futur Auguste), petit-neveu et fils adoptif de Jules César, qui devient maître de Rome à l’issue de la bataille d’Actium, en 31 av. J.-C. Au lendemain de cette victoire, le jeune consul impose habilement une nouvelle forme de gouvernement, respectueuse en apparence des institutions républicaines, où prédomine un seul homme appelé Princeps, le Prince. Destinataire de nombreux honneurs officiels, il accapare alors rapidement la puissance de la plupart des magistratures traditionnelles, concentrant le pouvoir politique entre ses mains et celles de son entourage. Il parvient ainsi à cumuler pouvoirs civil et militaire. En 27 av.J.-C., il reçoit le surnom sacralisant d’Augustus (Auguste), transmis à tous ses successeurs.
La mise en place du culte impérial
Tout au long de son règne, Auguste s’attache à donner de sa personne, de sa famille, de son projet politique une image propre à légitimer son pouvoir et son action. En Occident romain, le concept de « culte impérial » recouvre une grande diversité de manifestations religieuses publiques célébrées autour de l’Empereur. La religion romaine est centrée sur la pratique scrupuleuse des rites. Elle est aussi polythéiste et honore plusieurs divinités. Placé dans une position d’intermédiaire entre les hommes et les dieux, l’empereur Auguste est considéré, de son vivant, comme le garant des intérêts de l’Empire et de ses habitants. Statues, autels, reliefs ou encore frises rendent compte de l’ampleur de la diffusion de cette idéologie impériale à Rome, en Italie et dans des provinces où la romanisation est précoce, comme en Narbonnaise. Cette première partie détaille par ailleurs un événement clé survenu à la mort d’Auguste : son apothéose, décrétée par le Sénat, par laquelle il devient officiellement « divin ».
Un film audiovisuel retrace les grandes étapes de l’ascension politique d’Auguste tandis qu’un dispositif interactif permet au public de découvrir un texte antique satirique sur les empereurs divinisés.
Honorer l’empereur en Narbonnaise
La seconde section de l’exposition s’intéresse aux différentes formes prises par le culte impérial en Gaule Narbonnaise et aux édifices qui y étaient dédiés à Vienne, Arles, Béziers ou encore Narbonne. Les monuments consacrés au culte se trouvent le plus souvent au cœur des villes, comme l’autel d’Auguste de Narbonne ou le sacellum du forum d’Arles. Auguste est le premier empereur à recevoir un temple à Rome en tant que divus (divin). À Nîmes, deux sites d’époque augustéenne invitent les visiteurs à prolonger l’exposition in situ : la Maison Carrée, construite entre la fin du 1er s. av. J.-C. et le début du 1er s. apr. J.-C., dédiée aux héritiers d’Auguste, Gaius et Lucius César, fils d’Agrippa (son gendre) et de Julie (sa fille) ; puis l’Augusteum des Jardins de la Fontaine où le culte du Genius d’Auguste est associé au culte indigène du dieu de la source, Nemausus. Six blocs de la frise provenant de l’Augusteum ont d’ailleurs été restaurés dans le cadre de l’exposition. Cette section consacrée à la Gaule se conclut avec l’évocation de la dévotion que chaque habitant se devait de manifester à l’égard de l’empereur dans le cadre privé. Le rite du sacrifice, acte le plus important des cérémonies sacrées publiques, est quant à lui illustré par des objets qui lui sont liés.
Un dispositif multimédia immersif permet de vivre le déroulement d’un sacrifice et de comprendre la signification symbolique des différentes étapes de cet acte religieux.
*Narbonnaise : Ancienne province de la Gaule romaine. Sous Auguste, elle est délimitée au sud par la Méditerranée, à l’ouest par les Pyrénées, au nord par les Cévennes et le Jura, à l’est par les Alpes.
Une exposition remarquable
Première exposition entièrement conçue par le Musée de la Romanité, « L’empereur romain, un mortel parmi les dieux » rassemble 149 œuvres dont 30 prêtées par le Musée du Louvre. Grâce aux prêts de 14 musées français et italiens, le Musée de la Romanité donne l’occasion au public d’admirer des pièces exceptionnelles. 46 œuvres lui appartenant et n’ayant jamais été présentées au public ont été restaurées et seront dévoilées pour l’occasion ainsi que des objets remarquables parmi lesquels six frises provenant de l’Augusteum de Nîmes, plus de 30 stèles funéraires, plaques et autels votifs, plus de 30 statues, bustes ou objets de la vie quotidienne. Près de 45 pièces (deniers, dupondius, as, sesterces) représentant l’image de l’Empereur et de sa famille seront exposées pour témoigner de l’importance de la numismatique au Musée de la Romanité, dont les collections comportent près de 12 500 pièces de monnaie. Rappelons que Nîmes est la première ville en Languedoc oriental à battre monnaie au début du IIe siècle av. J.-C.