Depuis la République, l’idéal féminin est celui de la matrone, la femme fidèle, discrète qui reste à la maison à filer la laine. La figure reste un modèle, mais les choses bougent notamment grâce à la famille impériale. Les femmes y sont mariées, certes, accomplies dans leur statut d’épouse, mais elles sont aussi éduquées, cultivées, intervenant dans l’espace public, notamment par le financement d’œuvres au service de la communauté. Se côtoient « un modèle archaïque et un rôle public. C’est un paradoxe intéressant à étudier », selon Novella Lapini.
Antonia la Jeune est le parfait exemple de cette évolution. Antonia, nièce d’Auguste, belle-sœur de Tibère, est liée à la tradition. Veuve, elle ne s’est jamais remariée, se consacrant à l’éducation de ses enfants. Mais elle est aussi une femme cultivée, parlant le grec, bienfaitrice de la communauté, finançant le forum. Nommée Augusta par son petit-fils Caligula, divinisée après sa mort, elle inspire ses contemporaines qui se font représenter avec la même coiffure. De même, l’exposition présente un portrait de Sabine, l’épouse d’Hadrien, puis d’une femme de l’élite et d’une inconnue de la classe moyenne, dont les sculptures imitent les poses. Et la plupart des impératrices suivent son modèle, conciliant les obligations morales de la matrone et cette nouvelle visibilité.
Cela se retrouve aussi dans les stèles où les femmes de l’élite sont qualifiées de “sanctissima”, comme la femme de l’empereur ou dans les portraits. Femmes de l’élite ou de la classe moyenne, elles se font représenter avec la même coiffure que leurs modèles. En fonction des moyens, les ressemblances sont plus ou moins évidentes…
Parallèlement à ces émancipées, l’exposition évoque aussi les proscrites. Systématiquement, les mêmes accusations reviennent contre les femmes, les ramenant à leur fonction domestique, l’adultère bien sûr et l’utilisation des poisons. À la cour impériale, les coups de billard à trois bandes sont permis. Ainsi, Domitia Longina, dont un buste est présenté, est accusée pour discréditer son mari et symboliser le règne dégénéré de Domitien.